EN LUMIÈRELittérature

MARC SINCLAIR, l’évenement littéraire 2024


 Interview de MARC SINCLAIR

Par Eloïse Maillot Nespo pour TCHACC

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Marc Sinclair : Je suis Canadien et je vis actuellement à Montréal. J’ai une licence en sciences politiques de l’université de Montréal, et un master en Histoire de l’université de Paris 1, spécialisé en Histoire de la Révolution française, ce qui m’a amené à beaucoup travailler la question des Mémorialistes. J’ai lu beaucoup de témoignages de protagonistes de cette époque que j’ai recoupés avec la littérature. C’est pour cette raison qu’il existe dans mon roman Suicide d’une masculinité toxique, publié chez Spinelle, des détails historiques.

Est-ce pour cette raison que vous êtes attiré et fasciné par Paris ?    

Marc Sinclair : Oui, tout à fait. Cela se sent dans le livre, j’y ai fait mon second cycle, parce que j’étais fasciné par cette vie parisienne estudiantine et j’ai voulu vivre cette vie en parallèle de mon cursus.  

Quelles sont vos influences culturelles pour ce livre ?

Vous parlez de jusqu’où l’homme peut pousser ses limites, et la femme ?

Marc Sinclair : Je ne me sens pas calibré pour parler de la femme en soi, je ne sais pas. Est-ce que Nelly Arcan serait un certain guide pour comprendre les tréfonds de la féminité et pour comprendre jusqu’où est capable d’aller la femme ? Nous retrouvons cela dans ce genre de littérature, comme chez Catherine Millet.

Nelly Arcan était aussi une victime…

Marc Sinclair : Oui.

Tout un mouvement féministe porte aux nues le fait de se prostituer aujourd’hui en France…

Marc Sinclair : Oui, comme Virginie Despentes… mais cela peut aussi être avec des hommes et dans le livre, je fais intervenir l’histoire de Nick. Les hommes peuvent être victimes d’autres hommes. Je rejoins le combat des femmes.

Quand avez-vous commencé à écrire ce livre, pourquoi maintenant et avez-vous une journée type d’écriture ?

Pouvez-vous me faire le Pitch de votre livre ?

Marc Sinclair : C’est l’histoire d’un homme qui s’engouffre dans une perpétuelle fuite en avant, afin de s’émanciper de ses obsessions et de ses démons, où il rencontrera son Salut à travers l’expérience transformatrice qu’aura été la tentative de suicide dramatique de son amie de cœur à Paris, et à partir de là, il y aura ce phénomène de retour des bas-fonds dont il sortira grandi. Il y a une sorte de récit salvateur avec une note d’espoir.

Pouvez-vous nous parler du concept de « masculinité toxique », qui est dans votre titre et dont il est énormément question aujourd’hui ?

Marc Sinclair : Ce concept ne se comprend qu’à travers le prisme de dominant-dominé. Il s’agit de l’homme masculiniste qui n’a rien d’autre qu’un complexe de supériorité ; il ne s’agit pas d’une réelle domination. Cela ne s’inscrit que dans ce rapport-là de domination.

Dans votre livre, vous parlez de l’élévation sociale des femmes en expliquant qu’elles couchent pour s’élever socialement, est-ce un moyen selon vous que celles-ci ont ?

Il y a une phrase d’Albert Camus qui dit « un homme ça s’empêche », quel lien faites-vous avec cette phrase et la masculinité ?

Marc Sinclair : Un homme peut, malgré tout, s’empêcher, par la culture et se hisser au-dessus de son logiciel animalier comme le disait Rousseau et réussir à être hors-nature, mais je crois que le réel revient toujours par la grande porte, c’est-à-dire, son déterminisme biologique qui est un hybris masculiniste ; nous revenons à la biologie de l’homme, au génome masculin.

Votre récit initiatique donne donc le message du déterminisme nihiliste ?

Marc Sinclair : Oui. Le travail de réussir à faire comme Camus est de tous les instants. Certains hommes arrivent à avoir un haut niveau de mysticisme, de morale, d’éthique, mais je me demande si c’est parce qu’ils sont prédisposés organiquement.

Le nihilisme ne serait-il pas une forme de lâcheté et de veulerie, dans l’excès de tout, comme votre personnage, Daniel ?

Marc Sinclair : Ces gens-là sont favorisés par l’aspect organique, ils ne sont pas très portés sur « la chose » ; d’autres ne réussiront jamais à vaincre cette pulsion débordante. Tout revient au même dénominateur commun, l’organe.

Que serait pour vous un acte d’amour, ou sexuel, sain, non toxique entre un homme et une femme, qui engagerait l’âme et la chair, l’être tout entier ?

Par effet de symétrie, y-a-t-il une féminité toxique ?

Marc Sinclair : Le personnage de Nathalie est une sorte de féminité toxique ou quand Nelly Arcan dit que les femmes sont schizoïdes entre elles, et qu’existent tous ces clivages et ces rapports de domination entre femmes. Il peut y avoir toute une toxicité différente. Freud, après 30 ans d’études et d’observation de la féminité, avouait toujours ne rien y comprendre.

Qu’incarne Daniel et est-il votre alter ego ?

Marc Sinclair : Il y a une similitude de parcours oui ; c’est pour cela que je le mets à distance, je ne veux pas m’approprier sa vie. Je préfère me renfermer dans le récit et je laisse ça un peu mystérieux mais il y a certainement quelque chose de Daniel en moi.  

Quelle est la valeur sociétale que vous avez souhaité donner à votre livre « auto-socio-biographique, ce roman des idées, psychologico-mondain » comme vous aimez le définir ?

Marc Sinclair : En effet, différents types de genre peuvent être associés à mon livre à la portée sociétale, avec une critique sociale, des enjeux porteurs très présents aujourd’hui. Je parle aussi du travail de Murielle Salmona dans le livre.

Comment Daniel lutte contre ses comportements autodestructeurs ?

Marc Sinclair : C’est le choc traumatique de la mort et du suicide qu’il faut à Daniel – comme une thérapie post-traumatique – pour lui faire prendre conscience de ça, sinon, nous pouvons nous en sortir mais pas Daniel.

Qu’aurait-il fallu à Daniel enfant, que la société mette en place, pour le sauver et qu’il n’aille pas dans la « chambre d’en haut » rejoindre ce Frère ?

…Et alors, le nihilisme gagne ou pas finalement ?

Marc Sinclair : J’aurais tendance à dire oui, le nihilisme va toujours gagner ; c’est pour ça qu’à la fin, il dit que nous rentrons dans un nouveau monde transhumain, où nous allons peut-être bricoler les ADN, les génomes et être capables d’un peu transformer l’homme et la femme.  

https://desauteurs-deslivres.fr/


MARC SINCLAIR ITERVIEW

by Eloïse Maillot Nespo for TCHACC

Is this why you are attracted and fascinated by Paris?
Marc Sinclair: Yes, absolutely. This can be felt in the book, I did my second cycle there, because I was fascinated by this Parisian student life and I wanted to live this life alongside my studies.

Are you talking about how far a man can push his limits, what about a woman?
Marc Sinclair: I don’t feel qualified to talk about women per se, I don’t know. Would Nelly Arcan be a certain guide to understanding the depths of femininity and to understand how far women are capable of going? We find this in this type of literature, as in Catherine Millet.

Nelly Arcan was also a victim…
Marc Sinclair: Yes.

An entire feminist movement praises the fact of prostitution today in France…
Marc Sinclair: Yes, like Virginie Despentes… but it can also be with men and in the book, I include Nick’s story. Men can be victims of other men. I join the women’s fight.

Can you give me the Pitch for your book?
Marc Sinclair: It is the story of a man who rushes into a perpetual headlong rush, in order to emancipate himself from his obsessions and his demons, where he will meet his Salvation through the transformative experience that will have been the dramatic suicide attempt of his girlfriend in Paris, and from there, there will be this phenomenon of return from the depths from which he will emerge grown. There is a kind of saving story with a note of hope.

Can you tell us about the concept of “toxic masculinity”, which is in your title and which is a lot of talk today?
Marc Sinclair: This concept can only be understood through the prism of dominant-dominated. This is the masculinist man who has nothing other than a superiority complex; it is not a question of real domination. This only fits into this relationship of domination.

In your book, you talk about the social elevation of women by explaining that they sleep to elevate themselves socially, is this a means in your opinion that they have?

So your initiatory story gives the message of nihilistic determinism?
Marc Sinclair: Yes. The work of succeeding in doing like Camus is constant. Some men manage to have a high level of mysticism, morality, ethics, but I wonder if it is because they are organically predisposed.

Wouldn’t nihilism be a form of cowardice and spinelessness, in the excess of everything, like your character, Daniel?
Marc Sinclair: These people are favored by the organic aspect, they are not very focused on “the thing”; others will never succeed in overcoming this overwhelming impulse. Everything comes back to the same common denominator, the organ.

By effect of symmetry, is there a toxic femininity?
Marc Sinclair: The character of Nathalie is a kind of toxic femininity or when Nelly Arcan says that women are schizoid among themselves, and that all these divisions and these relationships of domination exist between women. There can be a whole different toxicity. Freud, after 30 years of studying and observing femininity, still admitted to understanding nothing about it.

What does Daniel represent and is he your alter ego?
Marc Sinclair: There is a similarity of path yes; that’s why I put him at a distance, I don’t want to take over his life. I prefer to close myself in the story and I leave it a little mysterious but there is certainly something of Daniel in me.

What is the societal value that you wanted to give to your book “auto-socio-biographical, this novel of ideas, psychological-worldly” as you like to define it?
Marc Sinclair: Indeed, different types of genres can be associated with my book with a societal scope, with social criticism, very relevant issues today. I also talk about Murielle Salmona’s work in the book.

How does Daniel fight against his self-destructive behavior?
Marc Sinclair: It’s the traumatic shock of death and suicide that Daniel needs – like post-traumatic therapy – to make him aware of that, otherwise, we can get through it but not Daniel.

What would it have taken for Daniel as a child, that society had put in place, to save him and prevent him from going to the “room upstairs” to join this Brother?

Marc Sinclair: that is to say, you take religious people, you put them together, and then you entrust them with kids… What will happen!? People don’t understand. You take 50 masculinists who are in total deprivation and then you put 100 kids in their hands. Then, afterwards, we put things into perspective by saying that the old Brother wallowing in novenas is necessarily a virtuous being! This notion is crazy. To avoid that, you would have already had to not be enrolled in this school and not be in this religious community. What would it have taken for him not to return to that room? This is part of the complexity of beings, especially at this age, so young. It is perhaps a sort of adventurous spirit, an obsession which is already taking hold in the head of the young person, completely misguide

…And so, nihilism ultimately wins or not?
Marc Sinclair: I would tend to say yes, nihilism will always win; that’s why at the end, he says that we are entering a new transhuman world, where we will perhaps tinker with DNA, genomes and be able to transform men and women a little.

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MARC SINCLAIR

de Eloïse Maillot Nespo para TCHACC

Marc Sinclair: Soy canadiense y actualmente vivo en Montreal. Soy licenciado en ciencias políticas por la Universidad de Montreal y máster en Historia por la Universidad de París 1, con especialidad en Historia de la Revolución Francesa, lo que me llevó a trabajar mucho sobre la cuestión de los memorialistas. Leí muchos testimonios de protagonistas de este período que cruzé con la literatura. Por eso hay detalles históricos en mi novela El suicidio de la masculinidad tóxica, publicada por Spinelle.

¿Es por eso que París le atrae y le fascina?

Marc Sinclair: Sí, absolutamente. Esto se puede sentir en el libro, hice mi segundo ciclo allí, porque me fascinaba esta vida estudiantil parisina y quería vivir esta vida junto con mis estudios.

¿Cuáles son sus influencias culturales para este libro?

Estás hablando de hasta qué punto un hombre puede superar sus límites, ¿qué pasa con una mujer?

Marc Sinclair: No me siento calibrado para hablar de la mujer per se, no lo sé. ¿Nelly Arcan sería una guía cierta para comprender las profundidades de la feminidad y comprender hasta dónde es capaz de llegar una mujer? Esto lo encontramos en este tipo de literatura, como en Catherine Millet.

Nelly Arcan también fue víctima…

Marc Sinclair: Sí.

Todo un movimiento feminista alaba la realidad de la prostitución hoy en Francia…

Marc Sinclair: Sí, como Virginie Despentes… pero también puede ser con hombres y en el libro incluyo la historia de Nick. Los hombres pueden ser víctimas de otros hombres. Me sumo a la lucha de las mujeres.

¿Cuándo empezaste a escribir este libro, por qué ahora? ¿Tienes un día típico para escribir?

Marc Sinclair: Empecé a escribirlo en 2015, antes de la pandemia. La escritura se realizó después de varios intentos de reflexión. También estaba mi trabajo al mismo tiempo, en el alquiler de inmuebles y negocios. Volví a su escritura y luego la dejé de lado, necesitaba un impulso de inspiración, es mucha introspección. ¿Un día típico de escritura? Me levanto tarde y escribo más por la noche; Siento que necesito la oscuridad, en mi oficina, rodeada de mis libros y este aroma, este aspecto fetiche de la escritura. Me gusta confinarme en este universo que creé, propicio para eso. Este primer libro es un resultado, surgió cuando realmente me di cuenta de que lo había dicho todo. Lo terminé en 2021.

¿Puedes hablarnos sobre el concepto de “masculinidad tóxica”, que está en tu título y del que se habla mucho hoy en día?

Marc Sinclair: Este concepto sólo puede entenderse a través del prisma de dominante-dominado. Se trata del hombre masculinista que no tiene más que un complejo de superioridad; No es una cuestión de dominación real. Esto sólo encaja en esta relación de dominación.

En tu libro hablas de la elevación social de las mujeres explicando que duermen para elevarse socialmente, ¿es este un medio que según tú tienen?

Hay una frase de Albert Camus que dice “un hombre no puede ser detenido”, ¿qué conexión hace con esta frase y la masculinidad?

Marc Sinclair: Un hombre puede, a pesar de todo, impedirse, a través de la cultura y superar su software animal, como decía Rousseau, y lograr estar fuera de la naturaleza, pero creo que la realidad siempre vuelve a través de los grandes acarreos, es decir, de sus el determinismo biológico, que es una arrogancia masculinista; Volvemos a la biología humana, al genoma masculino.

¿Entonces su historia iniciática transmite el mensaje de determinismo nihilista?

Marc Sinclair: Sí. El trabajo de conseguir hacer como Camus es constante. Algunos hombres logran tener un alto nivel de misticismo, moral, ética, pero me pregunto si es porque están orgánicamente predispuestos.

¿No sería el nihilismo una forma de cobardía y de cobardía, por encima de todo, como tu personaje, Daniel?

Marc Sinclair: A estas personas les favorece el aspecto orgánico, no están muy centrados en “la cosa”; otros nunca lograrán superar este impulso abrumador. Todo vuelve al mismo denominador común, el órgano.

¿Qué sería para usted un acto de amor, sexual, sano, no tóxico, entre un hombre y una mujer, que comprometiera el alma y la carne, todo el ser?

Por efecto de simetría, ¿existe una feminidad tóxica?

Marc Sinclair: El personaje de Nathalie es una especie de feminidad tóxica o cuando Nelly Arcan dice que las mujeres son esquizoides entre ellas, y que todas estas divisiones y estas relaciones de dominación existen entre mujeres. Puede haber una toxicidad completamente diferente. Freud, después de 30 años de estudiar y observar la feminidad, todavía admitía no entender nada al respecto.

¿Qué encarna Daniel? ¿Es tu alter ego?

Marc Sinclair: Hay una similitud de camino, sí; por eso lo pongo a distancia, no quiero adueñarme de su vida. Prefiero cerrarme en la historia y dejarla un poco misteriosa pero seguro que hay algo de Daniel en mí.

Tu final revela un hecho bastante importante… ¿no es este libro una especie de catarsis para ti y una forma de hablar sobre un tema muy tabú, la delincuencia infantil, en nuestra sociedad?

¿Cuál es el valor social que querías darle a tu libro “auto-socio-biográfico, esta novela de ideas, psicológico-mundana” como te gusta definirlo?

Marc Sinclair: De hecho, se pueden asociar diferentes tipos de géneros a mi libro con un alcance social, con una crítica social, temas muy relevantes hoy en día. También hablo del trabajo de Murielle Salmona en el libro.

¿Cómo combate Daniel sus conductas autodestructivas?

Marc Sinclair: Es el shock traumático de la muerte y el suicidio lo que Daniel necesita, como una terapia postraumática, para hacerle consciente de ello; de lo contrario, podremos superarlo, pero Daniel no.

¿Qué habría sido necesario para que Daniel cuando era niño, la sociedad lo hubiera dispuesto para salvarlo y evitar que fuera a la “habitación de arriba” para unirse a este Hermano?

… Entonces, ¿el nihilismo finalmente gana o no?

Marc Sinclair: Yo tendería a decir que sí, el nihilismo siempre ganará; por eso al final dice que estamos entrando en un nuevo mundo transhumano, donde quizás jugueteemos con el ADN, los genomas y seamos capaces de transformar un poco a hombres y mujeres.

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